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anaïs demoustier - Page 3

  • L'ENFANCE DU MAL de Olivier Coussemacq **

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    Une nuit, le juge Van Eyck qui vit avec sa femme dans une grande maison bourgeoise de province découvre une jeune fille couchée dans une cabane au fond de leur jardin. Céline leur apprend qu'elle vit là depuis deux semaines. Ils l'accueillent pour une nuit et décident de la conduire le lendemain aux services sociaux de la ville. Mais Céline, à force de douceur et de gentillesse va réussir à séduire d'abord le mari, puis la femme qui était très réticente au début.

    On découvre rapidement que Céline ment, sur son âge d'abord. Elle a tantôt 16 ans, tantôt 15 ou 14 suivant les circonstances. Mais aussi sur ses origines. Elle se dit orpheline. Elle prétend qu'elle a quitté sa famille d'accueil. Tout va, au fur et à mesure se révéler un peu faux et un peu vrai. En fait Céline a un objectif très précis et sa présence chez les Van Eyck n'est absolument pas due au hasard. Je ne vous dévoile pas tout ce que l'on découvre au fil de l'intrigue car le spectateur entre dans la confidence avant même les personnages. Rien n'est vraiment époustouflant dans tout ce que l'on apprend et ce film tient davantage par son atmosphère tendue, oppressante. Ce huis clos qui se déroule en grande partie dans la maison/musée où tout semble ne pas avoir bougé depuis des décennies, est pendant un temps "aéré" par la présence et la jeunesse de Céline qui bouscule complètement les habitudes de ce couple sans enfant en y mettant un peu de vie et de gaité. Rapidement on sent poindre les failles, le trouble et l'on pressent le drame.

    Par contre, je n'ai absolument rien compris à la présence du personnage de Romain, petit ami tueur de chiens, même si son rôle finit par être déterminant...

    L'interprétation des deux acteurs principaux est l'autre atout. Je n'ai jamais apprécié le jeu pincé de Ludmila Mikaël. Cette fois-ci non plus.

    Par contre Pascal Greggory, tout rigide dans ses beaux costumes, se dissimulent d'abord derrière sa fonction et ses livres de droit pour finir par laisser craquer le vernis et perdre pied, est excellent.

    Mais c'est évidemment la présence d'Anaïs Demoustier qui est essentielle. Sa performance est comme toujours extraordinaire. Toute menue, avec son sourire et son visage d'ange, elle est Céline, tout à fait crédible en gamine de 15 ans alors qu'elle en a 23 dans la vie. Si ce n'est par quelques mouvements d'agacement par moment, on a du mal à imaginer que cette petite poupée puisse manigancer un plan macchiavélique.

  • Sois sage de Juliette Garcias ***

     Anaïs Demoustier, Bruno Todeschini, Juliette Garcias dans Sois sage (Photo) Anaïs Demoustier, Juliette Garcias dans Sois sage (Photo)

    Nathalie qui veut qu’on l’appelle Eve commence un nouveau boulot de livreuse de pain dans la campagne profonde et bourguignonne. Très vite, on s’aperçoit qu’elle ment à tout le monde et peut-être aussi à elle-même. Elle s’invente un « fiancé » qui n’est jamais ni jamais tout à fait le même, ni tout à fait un autre, selon qu’elle change d’interlocuteurs. Tantôt il l’attend en Angleterre, tantôt il est mort dans un accident de voiture, ou marié et ne peut la voir comme il le souhaiterait, ou il lui offre des chemisiers qu’elle doit porter pour penser à lui… Tout est étrange dans son comportement. Sa façon de surveiller ce couple et ce bébé en se cachant dans la forêt. Son habitude de ne pas répondre aux questions ou de ponctuer ses dérangeantes réponses d’un sourire lumineux et irrésistible. Jusqu’à ce que l’homme qu’on aurait pu croire inventé de toute pièce apparaisse. Peu à peu, on se met à comprendre pourquoi Nathalie/Eve est si seule, tellement bizarre, pour ne pas dire complètement dérangée.

    Alors qu’on se met de plus en plus à imaginer les pires choses, c’est le plus abominable des crimes qui va nous être révélé !

    L’étonnante réalisation bercée parfois par un concerto pour piano à quatre mains de Schubert (je crois), que des bruits angoissants ou de longs silences viennent interrompre est à la fois élégante et oppressante. La réalisatrice développe un travail étonnant sur les sons, les couleurs, les lumières et les matières qui confère à l’ensemble un paradoxe incroyable entre la beauté, la douceur, la chaleur qui règnent dans la campagne environnante et la noirceur du drame qui se dessine peu à peu. Certaines scènes sont à la limite du soutenable : la manucure spéciale de Eve, les scènes avec le bébé, l'ultime rencontre entre deux personnages...

    Bruno Todeschini me semble faire preuve d’un véritable courage pour interpréter avec finesse, sobriété et ce qu’il faut d’ambiguïté le rôle d’un homme à ce point haïssable.

    Inconfortable et perturbant, ce premier film de la réalisatrice est portée par une toute jeune actrice, Anaïs Demoustier, qui garde encore sur le visage les taches de rousseur et les joues rondes de l’enfance. Elle fait pourtant preuve d’une étonnante maturité pour interpréter cette fille perdue à cause de l’amour ou plutôt des prétendues preuves d’amour les plus inconcevables et inadmissibles qui soient. Elle est extraordinaire, pure, dure, fragile et inquiétante, bouleversante.